La partie centrale de la glande prostatique augmente de volume avec l’âge : c’est l’Hypertrophie Bénigne de Prostate ou adénome de prostate.
Cette augmentation de taille peut avoir des effets sur le stockage des urines dans la vessie et sur leur élimination : ce sont les Symptômes du Bas Appareil urinaire.
Symptômes témoignant d’un trouble du stockage : urgenturie (urgence mictionnelle), nycturie (lever nocturne), pollakiurie (miction fréquente et peu importante).
Symptômes témoignant d’un trouble de la vidange : dysurie (difficulté d’uriner), vidange incomplète, gouttes retardataires, difficultés à initier la miction.
Le bilan comporte des questionnaires (IPSS, qualité de vie), un bilan sanguin et urinaire (PSA et ECBU) et une échographie.
Lorsque les symptômes impactent la qualité de vie, un traitement peut/doit être proposé. Il existe plusieurs traitements médicamenteux différents :
- la phytothérapie (PERMIXON®, TADENAN®) essentiellement pour les symptômes nocturnes peu invalidants.
- Les alpha-bloquants qui permettent un relâchement du col de la vessie permettant un meilleur passage des urines. Ces traitements peuvent être à l’origine de vertiges liés à une chute de tension (hypotension orthostatique) et/ou d’une disparition réversible de l’éjaculation. Ces traitements ont une efficacité rapide.
- Les inhibiteurs de la 5 alpha-réductase diminuent le volume de la prostate. Ces traitements sont plutôt réservés en 2ème intention en association d’un traitement alpha-bloquant. Il aura un effet décalé dans le temps avec un effet maximal après 1 an et nécessitera un suivi strict prostatique (PSA annuel). Il a des effets indésirables sur la libido voire sur l’érection.
- Les inhibiteurs de la 5 phosphodiesterase en prise quotidienne (Tadalafil 5mg). C’est un traitement des troubles érectiles qui améliore également la miction. Il est donc utilisé dans le cadre d’une double plainte du patient. Ce traitement n’est pas remboursé par la sécurité sociale (coût environ 15€ mensuel).
- Les Anticholinergiques (DITROPAN®, CERIS®, VESICARE®, TOVIAZ®) sont des médicaments qui inhibent les contractions du muscle vésical. Ils peuvent être associés à un alpha-bloquant lorsque les symptômes de stockage ne sont suffisamment améliorés.
Quand les traitements médicaux ne suffisent plus ou si les problèmes urinaires se compliquent (rétention d’urine, insuffisance rénale, infections, calculs de vessie…) il faut envisager un traitement chirurgical qui consiste à désobstruer la prostate. Cette intervention n’est pas une prostatectomie totale (ablation de toute la glande pour cancer) et n’a pas les mêmes risques de conséquences sur la continence urinaire et sur l’érection.
- la résection endoscopique de prostate consiste à introduire un résecteur par les voies naturelles (orifice par lequel vous faites pipi) et à débiter des copeaux prostatiques pour lever l’obstruction et élargir le canal (urètre prostatique). Cette intervention nécessite le maintien d’une sonde vésicale et d’une hospitalisation durant quelques jours. (fiche AFU)
- L’énucléation HoLEP : cette technique consiste à énucléer l’adénome par voie endoscopique avant de le morceler dans la vessie pour retirer les copeaux. Elle est adaptée jusqu’à un volume d’environ 120cc.
- L’adénomectomie coelio-robotisée est une intervention réservée aux prostates de très gros volume (>120cc). C’est une technique qui consiste à enlever tout l’adénome et à refaire une suture urétro-vésicale par voie robotique. La sonde est retirée au 3e jour et la sortie peut se faire dès le 1er jour.
L’équipe de radiologie interventionnelle de l’hôpital Européen (Drs ANDRE, COHEN et GAUDON) développe l’embolisation prostatique. Cette technique s’adresse aux prostates de volumes intermédiaires à élevés (> 60cc) et consiste à boucher par voie endovasculaire les artérioles qui vascularisent l’adénome. Un angioscanner et une IRM prostatique sont préalablement nécessaire pour s’assurer de la faisabilité du traitement et de l’absence de lésion prostatique. Un sondage transitoire est le plus souvent nécessaire. Cette technique qui représente une alternative à la chirurgie dans certain cas ou qui peut-être une étape entre le traitement médical et la chirurgie permet de conserver l’éjaculation. Néanmoins le recul sur les résultats est moins important que la chirurgie. Un échec de traitement ou un traitement insuffisant peut toujours être complété par une chirurgie.